La texture infinie de l’imaginaire prend sa source dans les gestes. Commencer un tableau, c'est définir le format, fabriquer le châssis, choisir le support, travailler les couleurs et la matière. Imaginer, réaliser et expérimenter des outils afin de créer un espace de liberté unique en perpétuel mouvement, au delà du cadre. Imprégner la matière, éclater les formes, diluer les contours, chercher la dimension sensorielle et tactile, percevoir le jeu des ombres et des lumières, des tourments et de la sérénité, apprivoiser l'exigence du hasard, sans laquelle rien ne serait possible, celle qui incite à aller plus loin, à travailler toujours et parfois à refaire ou faire autrement. Au départ, il y a l’envie mais rien n’est défini. Une esquisse afin d’entrevoir un chemin ou un saut dans le vide pour mener un combat ou l'on avance avec une infinie prudence et parfois aussi avec une insouciante légèreté. Il arrive que la matière soit capricieuse, alors, la texture ne veut pas exister telle que je l’envisage et le tableau ne se dévoile pas. Il faut alors sans cesse explorer et oser, changer les perspectives et la perception, choisir le sens dans lequel le tableau s’imposera, s’ouvrira et s’exposera aux regards.