
Cécile Beaupère
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© Gisele Donon
L’autoportrait n’est pas un choix mais une nécessité, une mise à l’épreuve, une tentative lacunaire et désespérée. De fait, le dessein en est flou, le projet n’ambitionne rien d’autre que l’essai de saisir quelque chose que je ne peux nommer, de transcrire ce que j’y décèle, d’en évoquer l’étrangeté, le questionnement, le sensible.
Depuis 30 ans mon parcours artistique est parsemé de ces autoportraits, dessins et peintures constituant des séries distinctes.
Certaines d’entre elles sont de configuration classique, (autoportrait dans le miroir)
D’autres empruntent à la vue dans le miroir autant qu’à la mémoire. Elles se placent en regard de mon histoire familiale et du désir d’en retranscrire la part obsédante. Plus globalement il s’agit de l’évocation de l’héritage artistique transmis par ma mère et ma grand-mère maternelle, toutes deux peintres. D’autres enfin se situent du côté d’une perception intime, sorte d’image intérieure passant de l’autre côté du miroir.
Deux de ces dessins sont réalisés sans le truchement d’un miroir ; je dessine simplement ce que je vois de moi-même. J’utilise dans ce cas le terme d’ « autonu » Je n’ai pas la vue de mon visage. Mon œil et ma main enregistrent ce manque qui cède la place au restant du corps. Dans les autres dessins, la tête est souvent reléguée au fond du tableau, lorsqu’elle n’est pas purement absente.
La mise en œuvre de ces autoportraits requiert détermination et endurance; si la vitesse d’exécution du dessin, « son urgence » est de mise, (afin d’en garder l’intensité et la justesse « intuitive »), la durée reste un facteur inconnu. La tension et l’attention sont donc au point maximal.
Les outils et matériaux (fusain, pastel ou acrylique) sont maniés (empoignés) de façon compulsive.
La série d’autoportraits « animaux » a vu le jour à une période où le miroir me renvoyait une image déconcertante n’offrant pas de lecture directe ni aucune autre « prise» tangible. J’ai senti qu’il me fallait poser une distance, un espace entre moi et moi, essayer de « m’intercaler ». Trouver le pas de côté permettant l’avènement d’une recherche différente, au plus près du ressenti premier.
L’emploi de la pointe sèche m’a permis de poser la base sur laquelle je suis revenue avec la technique du monotype,(virtuose des variations de parcours), ainsi que celle du collage que j’y ai parfois associée.



autoportrait, estampe
17,7x12,5 cm
Autoportrait, estampe
17,7x12,5cm
Autoportrait, estampe
17,7x12,5cm

B Autoportrait, 78,9x65,7cm, Fusain pastel sec et acrylique sur papier vergé

E Autoportrait 88,7x63,3cm, Pastel sec sur papier vergé